B.− P. anal.
1. Machine à broyer, à piler, à pulvériser diverses substances, et à extraire certains produits. Moulin à huile, à pommes, à poudre. Les moulins d'huile, avec leur horizon champêtre de blés en meules (A. Daudet, Nabab,1877, p. 203).Le moulin ordinaire à broyer les couleurs se compose d'une paire de meules, dont celle inférieure ou meule gisante est fixe, tandis que celle supérieure ou tournante n'a qu'un simple mouvement de rotation sur son axe (Manuel du fabricant de couleurs,1884, p. 297).
− ARTS MÉN. Petit appareil à manivelle ou mû par un moteur électrique servant à broyer, à moudre diverses substances alimentaires. Moulin à épices, à fromage, à légumes, à poivre, à sel. Les orages produisent des ondes radioélectriques, qui gênent la réception en déterminant dans les écouteurs un bruit semblable à celui d'un moulin à café (Coustet, T.S.F. prat.,1924, p. 228).
− SUCRERIE. Moulin (à canne) à sucre. Moulin formé de gros rouleaux servant à recueillir le vesou des cannes évasées entre les tambours. Il suffisait de son bras pour mettre en mouvement les cylindres d'un moulin à sucre (Hugo, Jug-Jargal,1826, p. 60).
− TEXT. Moulin à foulon*.
2. Machine fonctionnant selon le principe du moulin à vent ou à eau et destinée à divers usages. Moulin à actionner les pompes. La force du vent (...) est employée sous forme de moulins à vent (...) sur les chefs de quelques excavations à ciel ouvert, pour épuiser les eaux du fond (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 490).
− TEXT. Moulin à soie. Machine au moyen de laquelle on donne aux fils de soie grège (et p. ext., de coton, de laine) la torsion voulue (d'apr. Luppi 1872).
3. Région. (Canada)
♦ Moulin à bois. Scierie. Ou ben donc, quand y s'mettent à jaser des moulins à bois, pis... (J. Barbeau, Goglu,p. 57 ds Richesses Québec 1982, p. 1604).
♦ Moulin à coudre. Machine à coudre. D'archaïques « laveuses », d'anciens moulins à coudre (P. Perrault, Toutes isles,p. 74, ds Richesses Québec 1982, p. 1604).
♦ Moulin à laver. Machine à laver, lessiveuse. Dans la cuisine, il y a (...) un moulin à laver, une table et des chaises (M. Letellier, On n'est pas...,p. 55, ds Richesses Québec 1982, p. 1604).
♦ Moulin à viande. Hache-viande. Les vieux procédés rudimentaires, comme le moulin à viande (...) ont l'avantage d'être plus propres (J.-M. Poupart, Chère Touffe,p. 196, ds Richesses Québec 1982, p. 1606).
4. Arg. techn.
a) MÉCAN., fam. Moteur (d'automobile, d'avion, de motocyclette). Le moteur partit au quart de tour. − Et maintenant, − dit-il − le moulin va pouvoir en jeter terriblement (Morand, Bouddha,1927, p. 23).[L'Italien, dans sa voiture,] fit chauffer son moulin et démarra (Le Breton, Rififi,1953, p. 160).
b) Moulin à café
− Arg. du cinéma. Appareil de prise de vue, caméra. Et ces photographes qui ramassent des 200 dollars hebdomadaires à simplement tourner le « moulin à café » (Ferri Pisani, Au pays du film,22/1/1923 cité ds Giraud1956, p. 207).
− Arg. milit. Mitrailleuse. Entends-tu, ces pieds-là, avec leurs sales moulins à café! En effet, des mitrailleuses cachées on ne savait où envoyaient une telle grêle de balles que l'air en semblait épaissi (Benjamin, Gaspard,1915, p. 64).
− Pop. Orgue de Barbarie. [L'hercule :] un petit tour de moulin à café! (...) [Le vieux joua] sur son orgue de Barbarie (Méténier, Lutte pour amour,1891, p. 248).
5. RELIG. BOUDDHIQUE. Moulin à prières. Cylindre creux renfermant des bandes de papier sur lesquelles sont inscrites des prières et qu'on fait habituellement tourner à la main, chaque tour équivalant pour celui qui s'en sert, à la lecture des prières qu'il renferme :
2. ... ces peuples [les Mongols] ont inventé de petits moulins à prières, qui, agitant l'air d'une certaine façon, entretiennent perpétuellement le mouvement désiré; et pendant que ces moulins tournent, chacun, persuadé que les dieux sont satisfaits, vaque sans inquiétudes à ses affaires ou à ses plaisirs. La religion chez plus d'une nation européenne, m'a rappelé souvent les petits moulins des peuples mongols. Constant, Princ. pol.,1815, p. 140.
− P. métaph. Souvent, lorsque, nerveuse, elle voyait venir à l'horizon une dangereuse nuée, elle recourait au moulin à prières : le travail (Rolland, Âme ench.,t. 2, 1925, p. 14).
6. JEUX. Synon. de morpion (v. ce mot C).
7. P. anal., fam. Moulin (à paroles). Personne très bavarde, qui parle souvent à tort et à travers. On se demande s'il était autre chose, dans son siècle, qu'un infatigable moulin à conversation (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 11, 1868, p. 314).Une espèce de petit moulin à paroles, jacassant au vent qui filait sur l'eau. Elle bavardait sans fin avec le léger bruit continu de ces mécaniques ailées qui tournent dans la brise (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Mouche, 1890, p. 1341).
− Loc. verb., fam. Fermer son moulin. Se taire. Synon. fermer* sa boîte (pop.), sa gueule (vulg.).Assez! (...) ferme ton moulin. Traître! (...) Menteur... Graine d'officier... Farceur... Faux frère... Gentilhomme... (Aymé, Vogue,1944, p. 131).
REM.
Moulineau, subst. masc.,rare. Petit moulin. Maintenant, par attachement à la meunerie, le vieil homme s'occupait du moulineau après avoir régi la plus belle minoterie de la contrée (La Varende, Tourmente,1948, p. 26).
le lien vers la revue Spaniaco et l'article dédiée à ce superbé édifice malheureusement en totale perdition :